Première Lettre
Chers explorateurs perdus en Océans
Chers Vagabonds en quête d'ailleurs
Bienvenue en nouvelles escales, où se perdent quelques contes dans les mers d'outres-mondes. Pourquoi courir après le temps, lorsque les projets, de ces nouveaux pays, se lanternent en chemin, patientent, attendant inspiration. Sans doute, découvrirez-vous de tendres visages, de petits grands périples en suivant les murmures des goélands ?
Je ne promets guère que vous resterez longtemps, simplement de faire de mon mieux pour attendrir vos rêves tant que vous resterez en ces terres... pour que je puisse ne serait-ce qu'un quart d'heure aider le Marchand de Sable
Pour Décembre
Chers explorateurs de Nulle Part
Chers Vagabonds en quête d'ailleurs
En Octobre, comme en Novembre, j'ai terminé d'écrire un deuxième conte que j'ai appelé : Les Terres de l'Austral
Cette histoire raconte l'expédition d'Edeline, une aventurière en devenir, rêvant de marquer l'histoire en conquérant le Sud Souverain.
Un chapitre sortira chaque trois jours, en version écrite et en version audio
Point d'Octobre
Chers explorateurs perdus en Océans
Chers Vagabonds en quête d'ailleurs
Que s'est-il passé durant le mois d'octobre ?.
Durant le mois d'octobre, j'ai travaillé sur plusieurs projet à savoir :
Les premiers jours de "La Pluie du Désert".
La création d'une nouvelle animation sur "Petite Pirate"
L'ajout d'une petite Vidéothèque pour le site.
Un nouveau grand projet nommé "L'Envol"
Je vous invite à découvrir tous ça, avec les liens ci-dessous
Petite Reprise
Chers explorateurs de Nulle Part
Chers Vagabonds en quête d'ailleurs
Après quelques temps d'hibernations, il fallait surement que je me réveille de nouveau... accompagné d'autres envies
Mon travail d'animateur me divertit comme je l'avais toujours souhaité... m'arrachant des morceaux de temps pour mes autres projets.
Alors en rappel, voici ce qui ce trame encore :
La version audio de "Petite Pirate"
De nouveaux chapitres pour "Au Dessus des Nuages"
Des Petits Autocollants
Une future version anglaise pour la "Petite Pirate"
Reprise dans l'année du projet court métrage d'Animation
Projet Animation
Chers explorateurs perdus en Océans
Chers Vagabonds en quête d'ailleurs
Je suis en train de commencer les charadesign des personnages de "Petite Pirate", pour un futur court métrage.
J'espère pouvoir commencer l'animation durant l'année, en espérant que cela vous plaise.
Décembre comme avenir
Chers explorateurs perdus en Océans
Chers Vagabonds en quête d'ailleurs
Le 16 Décembre s'est déroulée la première séance de dédicace pour "Petite Pirate", un conte que vous pouvez retrouver gratuitement sur le site.
Ce fut une des meilleurs journée de ma vie. Une journée qui se reproduira encore et encore, vue que j'essayerai de refaire d'autres séances de dédicace à l'avenir.
Les rencontres qui j'ai pu faire resterons gravé à jamais.
Merci pour tout
Nouvelle Section - Imageries
Chers explorateurs perdus en Océans
Chers Vagabonds en quête d'ailleurs
Récemment, en modifiant ma palette de ma tablette, j'ai repris mon crayon pour remplir une feuille A4.
Huit petits dessins en vrac ont donc vu le jour :
Deux sur la Guère Héroïne
Quatre sur la Petite Pirate
Deux sur le Chasseur, un projet de bande dessinée que j'aimerai reprendre.
Vers une nouvelle boutique
Chers explorateurs perdus en Océans
Chers Vagabonds en quête d'ailleurs
Pour aller en simples nouvelles, bien que "La Petite Pirate" soit sorti en version physique sur le site Lulu Edition, il en reste plusieurs problèmes, dont le plus important : les Frais de Ports.
Ces derniers étant assez élevés, alors je me suis entrepris à chercher une solution alternative, chose que j'ai trouvé après quelques semaines.
Toutefois, cette solution implique que je pense sur de la logistique, ainsi qu'une boutique interne à Contes d'Edelweiss... Je pense qu'il me vaudrait encore quelques mois pour l'idée soit mise en place, comme davantage de recherches.
Encore désolé pour la gène occasionnée.
Nouveau Favicon
Chers explorateurs perdus en Océans
Chers Vagabonds en quête d'ailleurs
Après six mois, j'ai décidé de change le logo du site. J'espère qu'il vous plaira
Cependant, il sera que temporaire, le temps que je me familiarise davantage avec ma nouvelle tablette graphique.
Sur cette petite nouvelle, je retourne travailler sur de nouveaux projets, ainsi que sur le nouveau conte.
Guère Héroïne & Petite Pirate
Chers explorateurs perdus en Océans
Chers Vagabonds en quête d'ailleurs
Petite Pirate est officiellement sorti en version physique, le 22 avril 2023 !
Afin de célébrer l'événement, je prépare une rétrospective sur ce projet de longue date, qui j'espère sortira dans les prochaines semaines... En attendant, vous pouvez le commander sur la toute nouvelle icône, ou continuer de lire l'histoire gratuitement sur le site.
Comme les bonnes nouvelles n'arrivent seules, le premier chapitre d'un deuxième conte est disponible... Un deuxième conte désertique, vers la conquête des cieux.
Bonne lecture, chers explorateurs !
Au Dessus des Nuages
Un au-revoir en souvenir du naufrage d'une aéronaute
poursuivant comme un astronome la première des étoiles
Introduction complète
8 Planches disponibles
1 Double Planche
Bande Dessinée / Romance / Poésie
Chapitre 1 en Cours
Les Terres de l'Austral
Souhaitant devenir la dernière des Aventurières, Edeline s'embarque vers les Terres d'Austral.
L'immense continent du Sud hantant toujours les souvenirs de l'expédition du Veilleur.
Les Dix chapitres
Sept chapitres en version audio
Archive Disponible
Série Audio / Aventure
Huitième Chapitre : 26 Décembre
La Petite Pirate
Une fois, lorsqu’un edelweiss fleurit, une jeune pirate chavira sous le calme des Océans.
Surveillée d'un capitaine embrumé d'une voix de sirène, elle recherchait encore à harponner nouvelles aventures
Treize petits chapitres
Contient treize illustrations
Conte illustré / Aventure / Poésie
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Version Audio en Cours
Version Papier Disponible
La Petite Pirate
Une fois, lorsqu’un edelweiss fleurit, une jeune pirate chavira sous le calme des Océans. Sans attendre moindre aventure, elle s’empara de rames, franchit chaque berge, dépassa son premier large, sans poser hier à son regard […] Seule se fallut une journée, pour choisir ses mille destinations.
Chaque vague lui murmurait d’aller un brin plus loin… un brin plus loin… sans vraiment en attendre l’aube. Nomma-t-elle ainsi toutes les étoiles qu’elle rencontra... lui soufflèrent-elles de naviguer un mile plus loin ! Quelques nœuds au-delà, pour en voir la pleine lune disparaître. Réapparut-elle quelque douze fois, temps que sa vieille terre ne dévoile chacune de ses contrées.
Elle en courtisa de bravoure le moindre détroit, qu’importait les hurlements des vents. Elle en piocha chaque iceberg, lui importait les brûlures des grands froids. Elle en profita de chaque dérive, se plaisant de ce qu’elle ne connaissait point… s’apaisant de ces heures ensevelies !
Lassée par un autre sablier, entre deux promenades, dessina-t-elle un vieux goéland… qu’elle poursuivit de ses yeux scintillants. Dérivant dans les brouillards, entourée de mille plumes, sa barque amarra jeunes fortunes, s’arrimant alors au sommet des sommets.
Dépassant ces nuages traversant sa taille, ils lanternaient vers ces mêmes ailleurs. Ils s’envolaient là-bas, où son cœur la questionnait de poursuivre son chemin. Voiles mugissantes, foi hésitante, la pirate largua ses amarres vers ce qu’elle connaissait pourtant.
Observant les oiseaux, ignorant les tempêtes, elle pourfendit ses fatigues comme les larges. Assaillant les marées, elle négligea ces nuages bâillant sous ses paupières endormies.
Elles s’alourdissaient pour tout le monde […]
Ennuyée du calme des Océans, une jeune pirate maintenait ses paupières grandes ouvertes. Patientant en quête d’aventure, elle laissa ses rames devenir écumes, oublia les vastes pour souhaiter dériver où ses yeux espéreraient […] Charmée par la paresse, les mains caressant les vagues, elle rêvassait d’un présage aux notes de daurades.
Quelques-unes arpentaient ses songes, berçaient son unique veste émeraude, paraissant dans leurs écailles comme une bouteille au lumineux équipage. Surveillant à peine leurs sillages, estompant les pâleurs de minuit, ils arrimèrent à la proue d’une jeune barque, réveillèrent tout en susurrement une pauvre âme trouvant guère les portes du sommeil.
Baillant ses étirements, titubant ses mirages, elle la remarqua sans moindre effort, s’en empara sans hésitation… Son premier trésor, une trouvaille étrange, dans laquelle s’embrumait un curieux portrait. Elle le reconnaissait en trompant certains détails… sans seulement se ressembler !
Une petite cabèche rousse aux yeux vert pomme… Une petite cabèche haute comme trois pommes, qui se demandait quels autres secrets, les vagues pouvaient bien lui confier […] Sans en attendre l’aube, ainsi empoigna-t-elle de nouveau les horizons, ainsi sombra-t-elle aux murmures des vents d’ouest, ainsi imaginant ses futures premières rencontres.
Elle songeait quant à leurs périples, quant à leurs histoires, leurs nombreuses apparences… Quelques brulés parchemins leur accordèrent une douce voix parfumée aux plumes de goélands. Quelques voix de crèmes… Des mélodies s’échappant d’une constellation aux deux visages, dont les pâleurs pourfendirent leurs paradis lactés.
Filant au-travers quelques éclats ennuagés, ces constellations somnolaient dans les traits d’une sirène aux cheveux crépusculaires. Filant au-travers quelques souhaits, ces constellations harponnaient les traits d’un fatigué baleinier […] Curieuse de ces présages, elle s’emmenait vers ces lueurs attendrissant les rivages… se laissait aux chimères chutant qu’aux lointains se ternissaient quelques étoffes soudaines.
Intriquée d’une fortune, dans une routine lassante, la jeune pirate corrigea ses chemins vers ces vêtements voguant au loin. Une barque venait de traverser l’horizon, de mordiller les bordures du monde, sous les ivres chants des grands goélands […] Aux ombres des mouettes, le brouillard s’amenait sous la bonne surprise d’une voix cœur aux aguets !
Des marmonnements, quelques mots allant en vents, des craintes concernant les lointains du par-delà. Attendaient-ils quelque chose, un moment… un moment perdu entre les secondes… permettant une timide voix les interroger sur leurs périlleux voyages.
Répondirent-ils que leurs périples se termineront, dès que leurs paupières se fermeraient… que leurs périples s’oublieront, dès que leurs yeux comprendraient ce qu’un capitaine leur eut confié aux levées des sobres nuitées. S’enivrant de derniers verres, traversas-tu le brouillard… l’eusses-tu rencontré, alors qu’ils terminèrent une gorgée… le rencontreras-tu… Comprendras-tu les mots de sa paresse ?
Simples questions… Simples questions…
Raconte-nous chacun de tes voyages… Pourquoi dérivas-tu en océan ? Surement, les pétales d’un edelweiss… Surement, les bourgeons d’une ancolie… Des tendres mélancolies te contèrent, sans vraiment de foi, les vagues de l’ailleurs disparaissant... Crois-nous… Au-delà des moindres écueils, ces rivages, nous les arpentâmes ! Murmurèrent-ils que Néryme naufragea un brin plus loin… encore un brin plus loin… toujours un rien devant-nous […]
Petite galileo… Petite galilei…
Les berges… comme les chantiers navals… fussent-elles abandonnées, dès que les premières lanternes accompagnèrent les moindres explorateurs. Découvrirent-ils jusqu’aux orages… ils nous oublièrent jusqu’aux brouillards. Longue-vue entre les mains, embrouillés dans nos abords, nous naviguâmes pourtant loin devant-eux ! Loin derrière-eux nous nous assaillîmes d’une terrible question… quand nos raisons s’envoleront, derrière les embruns, faneront-elles ?
Soucieuse d’ancolies, une jeune pirate négligea son edelweiss, laissant ainsi une longue-vue tendre l’oreille vers ces ailleurs qu’elle ne connaissait guère. Elle se songeait le visage de ce capitaine. Elle se songeait ces mots enfermés dans ce secret confié… ceux emprisonnés dans cette bouteille aux reflets, tanguant parmi les assises de sa vieille embarcation.
Une pauvre scellée, qu’elle révéla aux yeux de la brume […] Qui la prenant entre ses mains gelées, chuchota ce qu’elle reconnut sans nulles failles.
Divine écriture d’écumes, où dans les boucles se noyaient les pâles reflets des montagneuses vagues. Ses paroles transparaissaient sans once de fourberies… Sans once de tromperies, au-travers leurs malicieuses lignes peignant moindre de leurs rencontres. Abandonné aux ratures, entre deux paragraphes, décria-t-il quelques aventures d’une familière cabèche le poursuivant… sans se soucier des voies décrites des goélands.
Toujours se méfier de ces oiseaux !
Insensibles aux basses lagunes ! Insensible aux explorateurs rêvassant des hautes-terres… Les deux s’écoulaient à vagabonder sans profiter des ailleurs !
Elle saluait aucune des berges… Aucune des berges salua ses périples… Une oisillonne aux grandes ailes, inspirant oiseau de paradis. Une oisillonne aux grandes ailes, espérant apercevoir ce que ses yeux eussent songé dès que son cœur eut chaviré.
Chancelant cœur à la brume, écroulée de ses errances, elle se dissipa vieille âme vagabonde. Ses yeux, perles perdues, bataillaient leurs mots, les cherchant d’une triste voix, ensevelie dans les nœuds parcourant sa longue barbe embrumée dans leurs mirages. Expirant ses embruns, s’en désolait-il de ne savoir davantage en lire. Soufflant d’une éclaircie, s’en navrait-il de ne pouvoir davantage indiquer ces autres parts derrière les sillages de sa barbe.
Embrassant de nouveaux les larges, disparut-il des mugissements des voiles, amenant d’un triste adieu, une jeune lanterne, parfumant les cieux de soudaines nuées cuivrées.
Les brouillards dispersés par les rames, sous les assauts des hautes vagues, une jeune pirate observa ses alentours, faisant toutes voiles derrière ces grandes nues cuivrées. Succombant aux nouvelles lumières, s’imaginait-elle rejoindre ce capitaine derrière les champs brumeux de minuit. Naviguant au-travers quelques roseaux, esquivant de peine ces nuitées aux pluies battantes, sombrait-elle davantage aux portes inertes des songes.
Rêvassant contre l’armure, se laissant aborder les prochaines houles […] Des froides brises éruptèrent contre les voiles, s’amarrèrent aux grandes ailes d’un oiseau de paradis…
Chaque rivage se parcourait dans son plumage ! Le grand astral y peignait ces glaces, comme l’austral soufflait ses mistrals. Ne se trouvait aucune plume ne montrant le parcours du Soleil… ne dessinant les passages lunaires… n’illustrant le moindre souvenir enfoui dans une vieillissante mémoire… Quelques voyages disparus, quelques plages soudaines, entre deux plumes esquissant un endormi baleinier, menaçant d’harponner les nuages grisailles des prochains présages.
Longeant les houles, un silence vira de bord ! Chavirant vers tribord, l’oiseau voltigea en acérant ses griffes de cannelle. Emportait-il les lumières un brin plus haut, sa lanterne un brin plus loin. Traversait-il les embruns, ces réveils aux aurores, parmi les bâillements des chantiers marins. Les heures s’éblouissaient jusqu’aux lignes d’horizons, s’écoulèrent après le moindre battement d’ailes, dès que les grues se découvraient à accompagner l’oisillonne aux plumes paradis.
Combien de ses manières recouvraient désormais les grandes étendues ?
Elles s’envolaient aux profondeurs, lorsque la barque hésitait ses chemins. Elles s’envolaient, lorsque s’encrait l’écume aux abîmes cuivrés. Le brouillard en mourait, s’embrouillait des nouvelles créatures s’inventant en s’éteignant, aux passages des baleines dévorant les arpentés.
Fussent-elles les seuls défilements des alentours : une pauvre pirate suivant un oiseau chanteur aux enchanteresses mélodies. Elles animaient toutes créatures se mouvant autour de lui ! Continuant leurs périlleux chemins, ils sillonnaient vers ce capitaine… vers ces constellations harponnant les lourds sommeils.
Poursuivant ses envols, un oiseau de paradis emporta en bagage une jeune pirate curieuse d’une éteinte lanterne. Brillait-elle seulement pour elle, au détriment de lustres lunaires virant aux solaires, sans étincelles, pour illuminer ses tristes abords […] Ce capitaine, voyait-il seulement presque autant qu’elle… autant que le puisse Néryme ? Il disparaissait toujours un brin plus loin… ne serait-ce un rien plus proche…
Ces nuages traversés, il l’apercevait parfois avancer lorsque les vagues retombées. Surement la pirate le suivait-elle encore ? Quelquefois, elle se glissait dans les partitions des baleines. Espérons qu’elle sut s’engouffrer, lorsqu’elles dévoraient les lumières, des nœuds au-dessus de sa petite cabèche.
Parvenait-elle seulement à tendre l’oreille, au-travers ces labyrinthes endormis, réveillées par des longues lignes internes, attrapant nombres de daurades.
Embrumé aux caresses des écumes, zigzaguant de bâbord à tribord, en esquissant certaines trouvailles… des pauvres amas d’écumes abandonnées… L’oiseau se répétait, ainsi perdu dans ces assourdissants présages, que l’embarcation ne quitterait les berges, comme ne se révèlerait ailleurs comparé aux nombreux hiers […] Elle s’emprisonnait dans les ombres de ces immenses caravelles, dont les veines effrayaient les malheurs... Deux minuscules chaloupes pourtant guère plus grandes qu’une infime troisième.
Siégeant au milieu du large, observée depuis la longue-vue d’une bouteille, la jeune forbanne se prépara à arrimer, encourager par son estomac affamé, qui devinait ces douces daurades, dont les saveurs manquèrent tant. […] Les berges ne paraissaient lointaines ! Quelques mètres à peine ! Quelques poignées de courage à battre, sous les grondements affolant les foules du peuplé horizon.
Il pleuvinait… pleuvait les cordes du grand monde ! Suivant une triste constellation, les déferlantes alizées se noyaient dans les voiles. La tête froide, mains arrimées au gouvernail, ses yeux pomme s’apaisaient d’entendre arriver une violente tempête… ce rideau pluvieux endormant les rayons de l’aube.
Bottines trempées jusqu’aux chevilles, agrippée aux cordages, pour les goélands, paraissait-elle comme ce capitaine, ennuyé des tempétueux ouragans. Il les traversait, soupirant, en s’allumant une triste bouffée de tabac froid […] Rangeant sa pipe dans les éraflures de son manteau, un baleinier devinait quelques traits dans ce nuage cuivré. Un sourd capitaine derrière ses voiles… Un terrible murmure rappelant pourquoi sa chance s’enfuya dans ces grisailles pressages.
Les nuages laissaient une tempête se profiler… Sur les docks, un baleinier arrima ses regards, arma ses patiences, sur une petite curiosité bataillant contre les orages. Rouspétait-il l’agitation des autres pêcheurs, qui se moquaient aussi bien des lourds mirages s’écroulant sur les chantiers navals […] Ils n’apportaient que des oiseaux de malchance, dont les plumages ne reflétaient aucuns souvenirs agréables !
Combien s’envolèrent, de ses paradis, combien lui revinrent ?
Venait-elle seulement d’amarrer, à quelques bourrasques de sa malheureuse barque, sous les pétales des écailles. Quelques plumes enrobèrent son tricorne… Quelques brises assommaient ses yeux d’algues… Ils affrontaient une petite cabèche ne dépassant ses larges épaules […] Elle ressemblait aux grandes sirènes, aux mirages apportés des grues ! Elles encombraient encore jusqu’aux voiles de sa chaloupe…
S’abandonnant aux famines, s’abritèrent-ils aux ombres de son bateau… Sans doute restait-il quelques sèches, quelques biscuits secs ! Surement, une dernière bouteille pour écarter la misère.
Elle ne parlait que de ses voyages… de cet oiseau de paradis… des ancolies englouties en brume… en oubliant son edelweiss… Se souvenait-il des siens, où suivant les vents, la chance le saluait dans ses grandes paresses. Se souvenait-il, où suivant les vents, son embarcation chantonnait chargée de gargantuesques festins. De quoi détruire les famines pour d’éternelles années […] De quoi faire jalouser Néryme jusqu’à la fin des voyages !
Triste nuitée, lorsqu’il revint les poches vides. Les baleines, abandonnèrent-elles leurs rivages… ne laissant qu’une silhouette derrière les voiles des maudits sillages ! Une tempête… Une tempête aux murmures… Une tempête me murmurant encore les secrets dessinant les nuages d’horribles augures.
Derrière les moindres grisailles… il l’apercevait encore… ce capitaine ennuyé des grandes odyssées ! Semblait-il toujours devancer les brouillards…
Admirant la brume, une chaloupe embrasser grandes aventures, une jeune pirate l’imaginait parcourir le moindre mile, sans se soucier des mouettes moqueuses d’une pleurante sirène… Une tendre voix que le baleinier n’entendit qu’une fois, lorsqu’une bouteille emprunta le large, dans les courses d’une petite âme lui dérobant ses rames […] Était-elle seulement un autre oiseau d’embrun ?
Elle en portait l’allure sous les bâillantes lunes… Elle en portait l’allure, selon une bouteille révélée d’une petite désolée, peinant à retrouver ses mots […] Une libre plume goéland imaginait entre ses boucles, les errances d’une rousse cabèche ayant traversé les déserts brumeux des boréales colonnes.
Les traversa-t-il aussi, perdu dans naguère, lorsqu’il poursuivait une baleine en phantasme des houles. Se souvenait-il des couchers de soleils éloignant tout courage de poursuivre quelconque chemin.
Finissant par rebrousser le sien, il se demandait où s’arrêteront les chances d’une gamine aux yeux de pommes… Elle s’apprêtait à reprendre le large… Elle s’apprêtait à abandonner ces terribles auspices qu’habillaient les nuages […] Ils recouvraient toujours les lointains ! Toujours ces ères où ses lèvres embrassèrent une sirène.
Terminant ses biscuits, laissant les grues se perdre aux rivages, comme les vents prendre la barre, espérait-il de nouveau poursuivre les baleines, où qu’elles pourront s’envoler […] Bouteille en main, amoindri des mirages, il s’endormit aux flammes d’un dernier verre… Affrontant son tricorne, se rappelait-il ses malheureux retours, esquivant ces vagues trouvailles balancées aux grandes bleutées.
Quelques lignes… quelques lignes inertes où s’abandonnaient de dernières daurades… Las… Comparées aux baleines ! Comparées aux orques ! Elles ne ramenaient de quoi détruire la famine pour des éternelles années. Elles ne ramenaient simplement de quoi manger en patientant d’explorer un brin plus loin… dès que les nuages s’en iront par-delà…
Toutes voiles dehors, abandonnées aux ombres des oiseaux, une plume dériva des houles, en écoulant quelques nombreux sabliers… Longues journées aux longues nuitées où se confiaient aux marées, d’éloigner une petite forbanne s’entrelaçant parmi les lignes rouillées du vieux port abandonné […]
Sillonnait-elle par-delà tous rivages ! Vagabondait-elle emprisonnée sous les déferlements des hautes-mers, dévorant le moindre rayon de soleil. Estompait-il ces sept mers éloignées, perdurant pourtant à quelques miles d’horizon…
Mers lointaines aux abords de ruisseaux… Mirageant ces grands lacs… ces continents de chimères… Elle se demandait seulement, où ces océans s’aventurèrent. Les arpentait-elle innocemment ? Songeant aux grandes épopées, combien en traversa-t-elle qui en furent simplement ?
Sans vraiment savoir où dériver, elle continua ses pèlerinages, méditant embrasser les grandes sirènes cachées derrière ses paupières de petite capitaine […] Les vagues se montraient aussi calme que lors de son départ ! Les berges se devinaient encore infranchissables… Commençait-elle à les entendre, ces tendres alizées, chuchotant aux portes des ailleurs, qu’elle ne quitterait ces étangs immenses aux eaux salées.
Au cœur des flots, songeant-creux une fois, elle cauchemarda ses rames, attendant de naufrager par-delà cette lagune pour oublier ses tristes défaillances. Elle observait ces grandes constellations… lui soufflant de sillonner quelques nautiques au-delà […] Savaient-elles seulement les rencontres encourues… Ces hautes étoiles reconnurent seulement cette petite edelweiss fleurissante, chavirant derrière les plumes de Néryme.
Mains arrimées au gouvernail, dérivant en silence, les yeux trompés suite aux rivages, une petite pirate s’accostait d’une destination absente. Étouffant ses malheurs derrière les visages d’une vaillante galileo, elle s’empoignait à faire gronder ses voiles […] Chavirant aux battements des constellations, solidement amarrée aux scintillants lointains, ses prochaines escales ne paraissaient davantage claires sous les regards de la brume !
Accompagnait-elle les chœurs des grands calmes… écumant de miles inertes, laissant-aller ses voiles s’épuiser à assaillir les murmurantes alizées, la forbanne se naufrageait aux oiseaux effeuillant les écueils... Quelques mouettes. Des grues dispersées entre les nuages. Certains goélands riaient… Certains goélands s’évadaient en longeant les abords des algues roseaux.
Un présage revint alors… Un oiseau de paradis aux pupilles embrumées d’orages. Voguait-il de ces horizons ! Voguait-il amenant les rames aux violentes écumes… Elle s’aveuglait sous les brouillards. Elle s’aveuglait, l’espoir surveillant ses amarres ! Derrière ces étoffes soudaines, derrière ces voiles lointaines, elle devinait ce capitaine repartir aux grands larges, escortant ouragans, qu’il poursuivait, amené en millier de tempêtes aux nuées cuivrées.
Il pleuvinait sous les temps de l’aube… devenait grisailles aux alentours ! Tombait-il le grand-monde… s’éteignaient les goélands disparaissant aux éclats des profondeurs ! Les vagues… Elles sifflaient contre l’armure, soulevaient les présages tapissant la bouteille aux reflets… Mirageant les jeunes orages, ses rames suffoquaient au-passage des algues, la vaillante soupirait de ses nulles aventures écoulées, échouées aux vieux lacs harassés.
Caressant la surface de ses mains glacées, elle se demandait où passèrent ces vastes océans… ces vagues océans sillonnés innocemment. Ils la ramenaient après chaque sillage, après chaque pillage, où les horizons la dérivaient au fil des houles... Bouteille à la main… Longue-vue portée sur les rivages, elle revenait où les horizons l’emmenèrent, l’effacèrent des visages des premières berges. Revoyait-elle les grues animant les anciens chantiers navals […] Caressant la surface de ses mains glacées, soupirait-elle à se demander où moururent ses premiers larges.
Au lointain, observant vaguement, un oiseau aux plumes d’embruns patientait que les nuages ne se discernent guère. Il patientait… sagement… s’envolant par-delà les sombres mirages.
Aux sombres mirages… Les augures se pensaient aux plaies des rivages… Se ternissaient les cieux aux frontières de leurs toises, aux envols d’une petite pirate cramponnée cœur à la barre ! Distancée aux embruns, submergée des torrents, la bouille bravant les aiguisés zéphyrs, cacophonies en cacophonies renversaient les harmonies des braves manœuvres qui maintinrent de peine les voiles […] L’oiseau survolait au-travers chaque discorde.
Accaparé des courants, sillonnait-il encore ! Un brin au-dessus des nuages… un brin au-dessus des nuages… des nœuds au-dessus des nuages… arrachant les brunes aurores de ses vives allures. Mille tonnerres ravivés de leurs colères ! Elles grandissaient… Elles grandissaient ces assassines vagues aux griffes grinçantes contre l’armure.
Engloutie sous les assauts, assourdie des hurlantes, elle maintenait ses horizons, les mains abîmées de leurs rames rongées… Les yeux grands ouverts, dans les chœurs des tempêtes, percevait-elle le chant des embruns, entendait-elle ces partitions lointaines l’emporter vers des constellations soudaines où siégeaient ces hautes nuées cuivrées. Immiscée de justesse entre les crocs des marées, elle le devinait au-travers les houles de ce macabre détroit […] Brillaient-elles toujours à des mirages par-delà les lourds présages.
Manœuvres par manœuvres, esquivant les déluges, au sacrifice de ses voiles, la jeune forbanne adoucissait les grandes vagues embrasées aux froides écumes. Valsant de mesures en mesures des déferlantes, chavirant aux abords des écueils, elle le discernait encore traverser ces ouragans de ses fumées envenimées… Derrière ses pommes pupilles, après tous hurlements, expirant les mœurs de ses murmures, il admirait l’embrun disparaitre de leurs plumes goélands.
Quelques goélands effacés des berges… quelques mouettes moqueuses de son embarcation échouée.
Les paupières alourdies… portées aux ombres… elle le songeait encore voguer par-dessus les présages […] Il planait… calmait ces scélérates vagues. Elles s’envolaient ! Elles arrachaient des récifs chacune des planches de son navire... Bataillait-elle pour n’en garder que la dernière, tandis que ses rames sombraient, sous un oiseau tendres souvenirs.
Harassée contre les eaux, furieuse des orages dévorant son gouvernail, au silence des larmes, la jeune pirate remprunta ces océans, au passage hurlant des premières écumes. Muette… Cœur abandonné aux vagues… Mains en guise de rames… Sillonna-t-elle mécaniquement ses chemins, esquivant les plumes aurore des paradis de grands embruns [...] Accompagnèrent-elles ces nuées, sans sacrifier moindres présages des rivages.
Déchiffrant quelques nœuds au-delà… elle s’engouffra derrière les pâles reflets des montagneuses vagues…
Paupières asséchées, écoutant que les chœurs des oiseaux, ses pupilles s’égarèrent vers ces mille destinations… Les yeux trempés, aveuglés aux passages des vagues, elle en heurta nouvelles, qui la ramenèrent d’anciennes. Sculptant ses joues des échouées, ses raisons se laissèrent aux noyades, tandis que sa fatigue la ramena tant essoufflée.
Le cœur injuriant les vagues… la poitrine hurlante… plongeant la tristesse comme idées claires… ses pleurs l’asphyxiaient de moindres souffles […] Charmée d’une chimère lointaine, de quelques constellations, elle les apercevait, par-delà ses poumons engloutis : ces grues soudaines aux mirages cuivrés […] Battant lentement… seconde par seconde… ces oiseaux souvenirs chantaient encore depuis la dernière planche.
Ramenée des griffes cannelle, tremblante des froides écumes, surveillée d’une plume bouclée, dériva-t-elle, voguait-elle vers les confins des ailleurs […] Les paupières closes, elle s’imaginait sillonner ces calmes océans, dont les tempêtes ne furent que nuages passants. Ils y lanternaient lentement… seconde par seconde… les suivant seulement des desseins des houles… avant qu’ils ne se défaillent d’une assassine vague.
Tonnait-il encore des nœuds au-delà… Tonnait-il encore derrière le vieux goéland… Les nues traversaient sa taille, lorsque les horizons se calmèrent d’un prompt sifflement… Abandonnée aux brisants, la veste arrachée aux sanglots des vents, elle se songeait entre deux déferlantes, aux portes des baies, naufragée entre quelques daurades […] Surveillée d’une silhouette hissant tranquillement ses vieilles voiles.
Susurrant mirages, domptant l’embrun d’une feuille de tabac, d’une lanterne aux pâleurs cuivrées, il débarrassa ses amarres, taisant ses routines d’autres messages aux plumes goélands… Patientant les alizées, se préparant aux premières bourrasques, il murmura aux bels oiseaux d’envoler leurs escales… seconde par seconde… suivant quelques battements délaissés aux scélérates vagues.
Traversant les dernières grisailles d’orage, longue-vue rivée sur les miles arpentés, patientait-il à rejoindre les brumes de ses sillages. Cœur aux aguets, surveillant une jeune pirate endormie, une constellation aux soudaines étoiles, il se questionnait où les ramener, sous les crayonnées de brusques continents […] Les océans remontaient d’un brin… s’éloignaient d’un rien de quelques brunes lagunes !
Les premières lanternes se dessinaient… revinrent ces moindres explorateurs chassant de peine les brouillards… Devinant quelques brasses au-delà, ne quittant les eaux de ces mélodies, d’un parchemin délaissé aux oiseaux, se laissait-il aux grues, aux rares mouettes, pour s’amener aux lointaines berges… Temps que sa vieille terre ne disparaisse des écailles du proche horizon.
Surement des daurades… Surement ces baleines caressant les houles…
Elle se devinait un brin plus loin… encore un brin plus loin, cette silhouette crépusculaire… Une juvénile silhouette attendant des oiseaux : une enfante oisillonne haute comme quelques pommes. Elle attendait… lassée des autres sabliers ! Elle observait les pavillons… Elle scrutait autant les voiles… espérait reconnaitre celles raccommodées d’une veste émeraude.
L’aube venait-elle de se lever…
Embrassant les rivages, confia-t-elle sa petite edelweiss aux pupilles tempétueuses d’un oiseau souvenir. Disparaissant ainsi des écumes, abandonnant les plages d’une dernière vague, elle franchit les premières berges… dépassa les premiers larges… espérant retrouver une petite pirate sous le calme des océans.
Chapitre I - Grand Océan
Chapitre II - La Bouteille
Chapitre III - Ancolie
Chapitre IV - Les Oiseaux - Premier Paragraphe
Au Dessus des Nuages
Les Terres de l'Austral
Il devrait rester un monde à découvrir… Malgré que chaque recoin connaissait la plume d’un cartographe, les ambitions du moindre explorateur qui s’imaginait le dernier […] Depuis des lustres, mes valises sont faites, je ne serais l’exception.
Cependant où me rendrais-je… Seules résistent encore les terres figées de l’austral !
Quatre-vingt-dix parallèles après l’équateur […] Des mois de voyages pour planter mes couleurs au Sud Souverain ! Devenir éternelle aux yeux de l’Edelweiss, surement pour un premier périple, était-ce suffisamment audacieux… Encore une autre question, comment s’y aventurer en survivant aux quarantièmes, aux cinquièmes, aux soixantièmes mugissants ?
Un explorateur avait survécu à ces carnages… L’histoire lui appartenait déjà, avant que les grands froids ne le dévorent soudainement, terrorisant presque tous les braves qui l’accompagnaient.
Il perdit entièrement la raison !
Les anciens de l’expédition plongeaient en cauchemars dès que je souhaitais en savoir davantage. Certains d’entre eux arrachaient des pages et des pages sur le moindre ouvrages évoquant même vaguement les derniers mots de cette odyssée […] Puisse Néryme me répondre, que s’était-il passé ?
Calculant mes rations, caressée des douces alizées du vieux port, encouragée par mon compagnon qui chargeait le charbon, je repensais les moindres détails… les vagues que les membres de l’expédition me donnèrent, avant de se glacer en m’évoquant ce froid implacable… Ces blizzards permanent qui les figèrent, les rongèrent, les dévorèrent, en abandonnant leur capitaine en statue de givres.
Tout est…
…de la faute du Veilleur !
Leurs esprits s’affolaient aussitôt, ressentaient de nouveau ces températures qui chutaient sans pouvoir s’arrêter, s’effondrer soudainement sous l’effet de la terreur… Je refuse de croire que je nous condamna en pensant cette traversée.
Je ne ferais machine arrière… Nos cheminées crachaient leurs premiers nuages noirs… Notre cap, décidé depuis des jours, ancré depuis des semaines ! Le cœur battant, je reviendrai en conquérant les souvenirs des terres de l’austral !
La chaleur du continent me manquait…
Les premières vagues nous enlevèrent quelques degrés, nous fîmes remettre nos couvertures. Nous résisterons aux premiers froids ! Nous avions des rations pour des mois, une année si l’océan décidait de nous l’imposer […] Il nous saccageait parfois l’appétit… surtout pour mon amant qui enchaînait les nuits blanches, s’assurant que les machines fonctionneraient jusqu’à perte d’horizon.
On aurait dû se méfier dès le départ !
Une nouvelle aventure en haute mer… Les premières scélérates inondèrent le navire. Une journée pour écoper les grands dommages, une semaine pour réparer l’ensemble des dégâts.
Nous perdîmes un quart de nos réserves de charbons, comme la moitié de nos machines que mon compagnon essayait de ranimer comme il le pouvait… Après cette semaine, il était méconnaissable, paniquait à la première vague plus haute que les autres, aux moindres craquements provenant de la salle des machines !
– Rajan… Ne t’en fais pas
Notre voyage ne dérivera… Les aurores de l’équateur se manifesteront aux aubes des prochaines semaines. Le vent nous accompagnera alors, remplacera ainsi cette mortelle cacophonie, engloutissant nos derniers sacs de charbon.
Elles réclamaient toujours davantage […] Les étoiles s’affolaient, alors que les frontières de l’hémisphère se dessinaient à l’horizon !
Elles nous demandaient plus de charbons !
Leurs cales, comme les miennes, en débordaient… Elles se vidèrent en deux semaines, tandis que nos machines devenaient infernales, l’atmosphère irrespirable […] Se précipitant vers ces problèmes, nous retrouvâmes la chaudière principale, entièrement gelée de l’intérieur, emportant les différentes machines adjacentes.
Rajan s’effondra d’incompréhension… Quelques secondes paraissant éternelles ! Quelques secondes où l’équateur nous rongea de ce froid qu’on s’apprêtait à rejoindre… avant que notre route reprenne, avec une carcasse comme navire.
Surement savais-je au fond que le Veilleur ne nous laisserait revenir !
Nous avançons lentement… Certains miles nous prenaient des heures, lorsque d’autres nous enlevaient des jours […] Les vagues paraissaient parfois nous faire rebroussait chemin.
Sans la chaudière principale, notre vitesse se comptait de sept nœuds… Pourquoi un vieux rafiot de basses rivières surmonteraient les hautes mers… Les explorateurs perdirent leurs immense brise-glace qui anéantissait les imperturbables icebergs du nord absolu !
Quand le Veilleur était… était toujours un homme, on racontait qu’en plantant son drapeau au cœur de l’océan, ce dernier s’agenouilla comme devant un nouveau seigneur […] Ses compagnons n’arrivaient à décrire cette fierté, maintenant gravée sur son visage marqué par les profondeurs… Une simple fierté quand il clama qu’il partirait terminer l’interminable odyssée de Néryme, en conquérant les seules terres ne connaissant les couleurs des grands explorateurs !
Personne ne souhaitait y croire…
L’expédition me parlait d’un homme… dorénavant une abomination qui sacrifiait sans raison… dévorait charbons… machines… anciens camarades… sa propre chair… pour espérer devenir le dernier […] Ils me parlèrent d’une ombre claudicante, aux jambes rongées par les blizzards, par les neiges épouvantables s’installant silencieusement sur le pont.
Sommes-nous vraiment sous l’équateur ?
Les dix degrés du vieux port… Je me souvenais rouspéter contre les brises dès que les températures n’effleuraient les chaleurs que je souhaitais […] Quinze degrés qu’on affrontait au négatif. Vingt que je redoutais au beau-milieu de ses nuits où je me ternissais à errer sur l’Amundsen !
Je bâillais sous une centaine d’étoiles. Les machines qui murmuraient me berçaient… semblaient parfois me parler d’une voix engourdie.
Tu penses que tu as l’étoffe ?!
Les vagues… Les vagues se congelaient en frappant notre navire… Sommes-nous vraiment sous l’équateur… Les vents soufflaient leur premier blizzard, rouspétaient la marche d’une immense silhouette de givre déchiquetant les étoiles !
Réveillée par des coups de pioches… Couverte par des tonnes de couvertures se collant à ma chair, j’entendais mon compagnon rouspéter en essayant de nous libérer de cette glace soudaine […] Je pensais les avoir devinées… aperçues les côtes… reconnues les ruines de ce brise-glace, en entendant les vents hurlaient une présence dans ce brouillard.
Bataillant à quitter ma couchette, sentant difficilement ma jambe droite qui semblait pétrifiée, je tremblais pour rejoindre Rajan. Il avait réussi à nous faire avancer de quelques mètres depuis mon réveil... M’approchant en m’arrochant aux rambardes du navire, les premiers rayons du soleil me brulaient, me dévoraient sous une faim n’étant la mienne !
– Tu… Tu vas un peu mieux Edeline ?
Il ne souffrait encore du froid… Accourant vers moi, me faisant m’asseoir sur nos caisses de provisions, il m’assaillait de milles questions, auxquelles je répondais en souhaitant comprendre ce que j’affirmais […] Rajan m’avait retrouvé avant que les couleurs de l’aube se réveillent, fuyant les pâleurs des grands feux de saint elme.
Ce ne pouvait être qu’une simple lumière… Cette silhouette qui dévora toutes ces étoiles… ses yeux aveuglés d’un voyage qui les dépassaient…
On pensait au départ à des rongeurs
Engloutissant quelques rations, ma faim ne disparaissait […] Commençant à me réchauffer, mon cœur réclamait davantage, sous les vacarmes lointains de la salle des machines !
Titubant vers elle… Entendant mon appétit me dévorait, je me souvenais que certains racontaient l’avoir aperçu s’empiffrer des réserves, engloutir les morceaux ardents de charbons, qu’ils venaient de balancer dans leurs infernales chaudières […] Simplement me réchauffer encore un peu !
S’approchant de nos machines éteintes, arrachant les portes de la chaudière principale… me jetais-je sur les cendres, me nourrissant des braises, pour me repaître du charbon ! Le cœur battant… comprenant ce que je venais de faire, mes jambes grelottaient alors cette faim refusait toujours de se calmer.
– Qu’est-ce que je viens de faire !?
Essayant de sécher mes larmes… Dépassée par mes pensées, alimentées par ces machines hurlantes, recrachant les cendres, je me revoyais dévorer nos dernières réserves de charbons !
Vingt-cinq degrés sud… Les premières vagues du tropique des pèlerinages. Ses doux nordets qui imitaient parfois les blizzards, nous attendant après les enfers des parallèles calamiteux […] Ma faim résonnait encore… Je grignotais les morceaux de charbons que je retrouvais… bien que… j’aurais souhaité ne plus me retrouver au cœur de la salle des machines.
Les mots ne me venaient quand je voulais en parler…
Certains rongeurs trainaient parfois près des chaudières, Rajan accusait ces parasites d’avoir saccagé nos réserves… Il connaissait la vérité… Ces yeux m’interrogeaient à chaque fois, écartaient volontairement le sujet ne souhaitait me faire de peine… Quand les nuits se montraient froides, entre ses bras, la voix tremblante, machinalement, il me promettait qu’il trouverait une solution !
– Ne t’inquiètes pas… On trouvera ensemble
Quittant ses bras sans pourtant y croire, souriant espérant le rassurer, désirais-je penser à autre chose… Ces dernières semaines, les terres de l’austral se rapprochèrent grandement… Les tropiques nous retenaient encore, s’avoueront bientôt vaincus […] Disparaissant dans la cabine principale, regardant les voiles s’éveiller, Rajan maintenait notre cap, malgré que nos machines étaient définitivement hors d’usage.
J’avais émis de les alimenter avec le bois qu’on trouverait dans les cales, mais mon compagnon préférait le garder pour le continent blanc…
– On y arrivera, qu’importe notre vitesse !
Affrontant des vieux souvenirs, je relissais mes anciens journaux, les unes de mes premières années, où on acclamait le nouveau visage de Néryme […] Le premier aventurier qui termina le tour de l’Edelweiss, le premier qui gravit le sommet des sommets… Ses couleurs flottaient même dans l’abîme des abysses, les profondeurs absolues du nord !
Ses exploits lui paraissaient ternes
Les anciens de l’expédition affirmaient que mes yeux scintillaient de ces mêmes pâleurs bleutées… des mêmes allures inspirant conclure un éternel voyage […] Me berçant de la cacophonie des hautes vagues, souriant en entendant le déluge du quarantième, je reconnaissais cette ombre lointaine me murmurant de sacrifier encore davantage…
Les quarantièmes hurlants… Aucunes terres pour décourager les rafales, empêcher le temps de se déchirer sous les orages […] Deux mille miles à combattre la colère des hautes vagues qui se soulevaient, inspiraient la terreur dès que les vents grondaient au-delà de quatre-vingt kilomètres-heures !
Elles nous attendent après les soixantièmes, les côtes du dernier contient…
On ne combattait les vagues
Les scélérates nous emportaient de carnages en carnages, menaçaient de nous dévorer dès les vents souffleront davantage… Quelques heures saccagèrent la moitié de nos vivres, lacérèrent toutes nos voiles, laissèrent en lambeaux la grande, pour rejoindre ces terres hantant mes rêves !
Esquiver les vagues… rejoindre le sud qu’importe les pertes… Le crépuscule s’envola quand les premières triangulaires submergèrent entièrement le pont […] Un miracle que le vieux Amundsen eut atteint les quarantièmes… Un miracle que saint elme ne nous carbonisait davantage après nos longues traversés !
Bataillant la tempête, mon compagnon s’épuisait à maintenir la grand-voile, sous les restes de sa bonne étoile.
Le tonnerre résonnait encore… nous dérivait aux passages des déferlantes !
Quatre-vingt-dix kilomètres-heures…
Mirageant les premières étoiles du sud, on n’y arrivera sans nourrir nos machines.
Lâchant la barre… se précipitant sur le pont… ramassant les ruines inondées du Amundsen… les bras chargés… accourant vers la salle des machines, priais-je pour les retrouver intactes ! Enfonçant les portes, plongeant dans ces eaux noires, je pataugeais vers la chaudière principale semblant s’être raviver depuis l’équateur […] Enfournant les vestiges de nos mâts, les allumant en balançant ma vieille lanterne, sous une explosion d’huile ébouillantée… les premières braises réveillèrent nos cheminées !
Le capitaine n’avait hésité un seul instant !
Terrorisée de ces nouveaux nuages, accourant vers les cheminées, mon compagnon m’assaillit de mille questions qui n’eurent comme unique réponse, un sourire glacial… Reculant de quelques pas, ne me reconnaissant, cherchait-il cette étincelle, qui venait s’arracher au passage de cette tempête dépassant les cent kilomètres-heures.
Nous eûmes du mal à nous reparler… nous apprécier comme avant […] Dès notre départ, on poursuivait surement pour des raisons différentes.
Entre deux déferlantes, quand les cinquantièmes nous laissaient respirer quelques instants, un regard s’échangeait… un vain sourire qui chérissait même nos mauvais souvenirs ! Enfermée dans la passerelle, ajustant mollement notre cap, je me revoyais terrifier Rajan… Il affrontait toujours les tempêtes, ne quittait ses machines qui le consolaient comme elles le pouvaient.
M’avait-il accompagnée, en tout temps, lui importait nos petites traversées, tant qu’il me voyait sourire, tant qu’il devinait celle l’ayant embrassé… il me racontait que même les audacieux jalouseraient nos voyages.
Le capitaine désirait encore la gloire
Souhaitais-je finalement cette chose… Grignotant mes dernières rations, mâchant mes mots en virant de bord, repérant mes bonnes étoiles, mes ordres se voyaient claires : pourfendre toutes les vagues qui se dresseraient contre moi […] Qu’importait les sacrifices… Les tempêtes rugiront leurs colères… Cent vingt kilomètres-heures ne me feront reculer !
Quelques mois… Encore quelques mois…
Regardant s’effondrer chacune des vagues, me perdant sous leurs déluges, mon compagnon se montrait ignorant des carnages qui pourraient l’emporter jusqu’aux abîmes… Le regard absent, admirant les oiseaux disparaitre aux dents de l’horizon, hésitait-il pour les rejoindre… partir aux premières éclaircies sans me prévenir […] Ses yeux se portaient sur les canots de sauvetages… pour qu’un soupir ne l’emmène en autres pensées.
La plupart se résignait à l’idée de partir
Rajan ne supporterait l’idée de m’abandonner… de me laisser seule contre ces vagues, telle cette petite ayant disparu sous les échos du printemps […] Surement espérais-je de continuer ensemble, pour entendre timidement frapper à la passerelle. Tendant l’oreille, un murmure me suppliait quelques instants, me demandait quelques minutes pour discuter comme avant notre départ.
Les quarantièmes lui avaient sculpté des cernes, que les cinquantièmes s’amusaient à accentuer autour de ses yeux châtaignes qui scintillaient autrefois dès qu’il m’apercevait… Me précipitant vers lui, mon compagnon tenait à peine…
– Edeline… S’il-te-plaît
Il bégayait sur la moindre phrase, espérant éviter de me froisser en échappant un mot de travers… Rajan souhaitait rebrousser chemin… faire une escale… une pause de quelques semaines… revoir le vieux port, avant de l’imaginer enfermés sur le dernier continent […] Le prenant de mes bras, ne voulant repartir en arrière, tentais-je de le comprendre, affirmant que l’on se reposera véritablement lorsqu’on arrimera après les soixantièmes mugissants.
– Je… Je te le promets… Ne t’en fais pas.
Le regardant dans les yeux, essayant d’effacer ses derniers doutes, d’un sourire déferlant les orages, déchainant les hautes vagues qui lui détournèrent le regard… Les vents s’approchaient des deux cents kilomètres-heures… Rajan me demandait ce que j’accomplirais dès que mes couleurs flotteront sous les assourdissantes tempêtes muettes du Sud Souverain… qui acclamerait la personne qui terminera les voyages éternels de Néryme, si je me découvrais incapable de revenir ?!
– Je trouverais un moyen… même sans toi !
Ma voix résonnait… surement celle du Veilleur, faisait trembler les cieux qui se calmèrent quelques instants, laissèrent les ombres envahirent l’entièreté du navire, tandis que les scélérates s’infiltrèrent dans la passerelle sous une pluie diluvienne… Emplie de rage, repris-je la barre, en insultant Rajan, habillée d’une nouvelle fierté qui embrasa mes yeux glacées !
Il se dirigeait vers les canots de sauvetage, malgré les vents insistant pour qu’il reste […] Ce lâche continuait d’avancer, regardant une dernière fois les cheminées ardentes du AMUNDSEN ! Ne reconnaissant plus rien de son ancien navire, désespéré, il balança ses vieilles affaires dans la dernière barque que je n’avais condamné…
– Je suis désolé… Je ne peux plus te suivre
Séchant mes larmes, les yeux injectées de colère, déchainant encore une dernière fois toutes les machines, je me ruais vers le pont principal…. Les températures s’effondraient toujours… L’horizon révélaient les premiers icebergs, avant que je ne constate que j’avais poussé les machines au-delà du raisonnable !
Quittant les soixantièmes sous des hurlements de terreur, sous les craquements de la glace, sous ces blizzards implacables figeant les températures sous la barre des moins quatre-vingt-dix degrés […] Elles continuaient de descendre… Reprenant mes esprits, je me découvrais sur les grandes terres de l’austral, aux côtés de Rajan qui s’abandonna au dernier des silences.
– Rajan… Reste avec moi… Reste avec moi !
Les blizzards n’arrêtaient pas de souffler…
Durant combien de mes nuits blanches, je parcourais ces terres… Ils ne m’avaient jamais parlée d’un désert enneigée ! Ils ne m’avaient jamais annoncée que chaque heures ressembleraient à la précédente, que seules changeraient les températures qui plongeraient vers les absolues !
Je n’arrive pas à croire que je dus me résoudre à abandonner mon compagnon, après quelques semaines sur ce maudit continent. La faim commençait à se faire sentir, alors qu’une pensée me traversa l’esprit… La question se posa durant des jours, avant que je ne comprenne ce que je m’apprêtais à faire…. Je lâcha finalement Rajan, en priant pour que cette réponse disparaisse.
Elle n’avait disparu…
Ma faim résonnait davantage en suivant les dernières empruntes de la première expédition… Un miracle qu’elles ne disparurent… Un cauchemar en découvrant que certains se gravaient dans une neige écarlate […] Dis-moi que tu avais une solution, que tu ne comptais m’abandonner dans ce continent blanc.
Ne t’en fais pas… On trouvera ensemble
Les échos s’estompèrent… alors que je déchiquetais la chair d’un ancien de la première expédition. Terminant son dernier bras, reprenant ma route, l’estomac noué, sous des vertiges, où je menaçais de vomir… je chancelais à suivre les empreintes des explorateurs.
Ils étaient enfermés dans une expression de terreur… Les yeux écarquillées… le cœur encore battant… essayant de comprendre ce qui venait de leur arriver !
Le Veilleur n’avait hésité un seul instant
Continuant d’avancer… suivant les corps des anciens explorateurs… les vents m’arrachaient la chair… pensais-je les apercevoir derrière le voile des blizzards : les couleurs du Sud Souverain, les aurores du quatre-vingt-dixièmes degrés sud […] Continuant d’avancer, sortant mes couleurs cristallisés sous les moins cent-cinquante degrés, pensais-je mettre fin à mon voyage… dans quelques semaines….
Surement dans quelques jours…
La neige arrivait encore à tomber, se pétrifiait soudainement à quelques mètres du sol […] Quant à mes vêtements, depuis des jours, ils étaient collés à ma peau… Même le soleil ne se montrait, par peur de s’éteindre en affronter les moins deux cents degrés qui régnaient quelques minutes, pour descendre davantage...
Le silence s’imposait, étouffait le bruit de mes pas s’enfonçant dans lentement dans l’immense manteau blanc… Je l’apercevais, affrontant les derniers mètres le séparant encore du Sud Souverain… Son cœur battait lentement, résonnait dans les assourdissantes tempêtes muettes, me perçant les oreilles !
Tu es certaine… cap sur les terres de l’Austral ?
Hochant positivement la tête, soufflant en espérant me réchauffer, rien qu’une dernière fois, ma respiration devenait aussitôt des nouveaux flocons de gel, qui abaissèrent encore le mercure du continent… Deux cents cinquante degrés en-dessous du zéro… Les blizzards n’hurlèrent, se turent entièrement immobiles, tandis qu’ils se cristallisaient en craquant sous leur propre poids.
Je le devinais enfin… brandissant ses couleurs… s’apprêtant à marquer les pétales de l’Edelweiss, s’apprêtant à terminer une éternelle odyssée […] Je l’apercevais les yeux hurlant, rugissant, mugissant son nom, en espérant faire s’inclinaient les cieux !
M’approchant timidement… Les températures ne descendaient plus… Brandissant mes couleurs, inspirant une dernière expiration, je marqua finalement mes derniers pas…
Ces terres… Personne ne me les prendra !!!
Les bises recommencèrent à souffler, réveillèrent les blizzards qui se déchainèrent… m’assaillirent d’un froid implacable, semblant me mordre, semblant me ronger, semblant me dévorer de l’intérieur… Mon cœur se cristallisait, comme mes poumons que j’entendais se déchirer en me faisant subsister !
M’effondrant… Refusant de m’éteindre devant le quatre-vingt-dixième degrés sud… bien qu’étouffée par ces températures touchant les absolues… je repensais au vieux port où je voyais réussir… même revenir sous la gloire… Je repensais à mon compagnon, alors que mes yeux se fermèrent en sentant ma main s’engourdir au Sud Souverain.